Jésus Christ est pleinement Dieu et pleinement homme. Il possède toute les vertus à un degré suréminent. Il est l’homme le plus sage, le plus juste, le plus prudent, le plus chaste, le plus fort qui puisse exister. Parmi toutes les vertus qu’il possède, il y en a deux qu’il a lui-même explicitement recommandée à notre imitation : sa charité et son humilité. « Apprenez de moi, dit-il, car je suis doux et humble de cœur » (Mt. 11,29). L’humilité de Notre Seigneur était grande : « Jésus a tellement pris la dernière place que personne ne pourra jamais lui la ravir » comme l’a dit si bien l’abbé Huvelin, directeur spirituel du Bienheureux Charles de Foucault. Rien de plus vrai, en effet.

Dieu le Verbe est descendu d’une gloire inimaginable, d’une béatitude parfaite, pour vivre parmi nous, pauvres pécheurs. Il a enduré patiemment les injures des hommes et, pire encore, les faiblesses et les trahisons de ses propres disciples. Il a accepté la mort cruelle des mains de ceux qui n’avaient aucun vrai pouvoir sur lui. Et tout cela, il l’a fait afin de nous sauver, afin d’accomplir la volonté de Dieu.

La Sainte Ecriture nous dit que cette humilité de Notre Seigneur, par laquelle il a pris « la forme d’un esclave » et s’est rendu « obéissant jusqu’à la mort de la croix », cette humilité est la cause même de sa gloire. Et maintenant il règne en majesté incomparable à la droite de son Père. Son humilité est la raison pour laquelle maintenant « au nom de Jésus tout genou [fléchit] dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » (Phil. 2, 7-11).

Cette humilité n’a pas commencé avec son ministère public, mais dès son enfance. Le Dieu de l’univers est devenu un petit enfant. Le roi des rois n’est pas né dans un magnifique palais, mais dans une humble crèche. L’enfant Jésus n’a pas vécu entouré de richesses et des signes de sa puissance, mais dans un anonymat modeste dans sa famille de Nazareth. Tout en étant Dieu, il s’est soumis à ses parents terrestres, il a obéi à ses propres créatures ! « Le Tout-Puissant c’est laissé lier » comme l’a dit le Bienheureux Cardinal Newman.

Quel abaissement admirable ! Quel reproche à la sagesse de ce bas monde ! De nos jours, « l’orgueil de vie » est considéré comme une vertu. La poursuite du pouvoir, de l’argent et de la célébrité est tout ce qui compte. Il est triste de constater que, même parmi les chrétiens, l’humilité du roi des rois n’est souvent pas prise comme exemple de vie. Combien de dureté, de jugement téméraire, d’impatience et de présomption ne se trouvent-t-il pas dans nos cœurs ? N’est-il pas vrai que nous nous contentons trop souvent d’apparaître vertueux plutôt que de l’être vraiment ? Ne sommes-nous pas susceptibles et trop facilement découragés ? Ne sommes-nous pas avides d’être loués pour nos bonnes œuvres, qui ne sont en soi que notre simple devoir ? Ne sommes-nous pas jaloux des dons des autres, quand nous devrions plutôt nous réjouir de voir chez eux les bienfaits du Dieu qui opère « tout en tous » (1 Cor. 12,11) ? Ne prions nous pas trop rarement pour les grâces qu’il nous faut, pensant acquérir la sainteté plus par nos propres efforts que par l’action du Saint Esprit ?

Nous oublions si facilement que tout le bien qui est en nous vient de Dieu, et que nous n’avons pas de quoi nous vanter. Nous sommes une génération de suffisants. Nous oublions cette maxime de l’évangile : « Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé » (Luc 14,11).

O doux Enfant Jésus, qui donnez votre grâce aux humbles et résistez aux superbes (Proverbes 3,34), donnez-moi la grâce de suivre votre exemple. Donnez-moi un cœur doux et humble, semblable au vôtre. Faites que j’apprenne à considérer les autres comme mieux que moi-même, selon votre commandement (Phil. 2,3). Gardez-moi de la présomption et du désespoir des orgueilleux. Je ne veux plus compter sur ma propre force, mais plutôt sur le pouvoir de votre grâce. Ne permettez pas que je sois séparé de vous par mon orgueil. Aidez-moi à accepter votre volonté dans ma vie. Faîtes que, à votre exemple et à celui de votre sainte mère, j’aime mieux servir plutôt que d’être servi. Que le monde pense ce qu’il veut de moi. Je ne veux plaire qu’à vous seul. Faîtes de moi votre bon serviteur, O Enfant Roi. Faîtes de moi un saint, même si vous êtes le seul qui le sait.

Ainsi soit-il.

Un chanoine